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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/200

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LES ROUGON-MACQUART.

depuis que cet imbécile de Lagrifoul a passé. Je suis prudent, vous comprenez.

Le maire échangea un nouveau regard avec le conservateur des eaux et forêts. Il haussa même légèrement les épaules devant les moustaches correctes de M. Péqueur des Saulaies.

— Écoutez-moi bien, lui dit-il au bout d’un silence ; vous voulez être préfet, n’est-ce pas ?

Le sous-préfet sourit en se dandinant sur sa chaise.

— Alors, allez donner tout de suite une poignée de main à l’abbé Faujas, qui vous attend là-bas en regardant jouer au volant.

M. Péqueur des Saulaies resta muet, très-surpris, ne comprenant pas. Il leva les yeux sur M. de Condamin, auquel il demanda avec une certaine inquiétude :

— Est-ce aussi votre avis ?

— Mais sans doute ; allez lui donner une poignée de main, répondit le conservateur des eaux et forêts.

Puis, il ajouta avec une pointe de moquerie :

— Interrogez ma femme, en qui vous avez toute confiance.

Madame de Condamin arrivait. Elle avait une délicieuse toilette rose et grise. Quand on lui eut parlé de l’abbé :

— Ah ! vous avez tort de manquer de religion, dit-elle gracieusement au sous-préfet ; c’est à peine si l’on vous voit à l’église, les jours de cérémonies officielles. Vraiment, cela me fait trop de chagrin ; il faut que je vous convertisse. Que voulez-vous qu’on pense du gouvernement que vous représentez, si vous n’êtes pas bien avec le bon Dieu ?… Laissez-nous, messieurs ; je vais confesser monsieur Péqueur.

Elle s’était assise, plaisantant, souriant.

— Octavie, murmura le sous-préfet, lorsqu’ils furent seuls, ne vous moquez pas de moi. Vous n’étiez pas dévote, à