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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/207

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

à l’admirer ; madame de Condamin réprimait les bravos, qui éclataient trop tôt, en agitant son mouchoir de dentelle. Alors, le jeune abbé, raffinant encore, se mit à faire de petits sauts sur lui-même, à droite, à gauche, les calculant de façon à recevoir chaque fois le volant dans une nouvelle position. C’était le grand exercice final. Il accélérait le mouvement, lorsque, en sautant, le pied lui manqua ; il faillit tomber sur la poitrine de madame de Condamin, qui avait tendu les bras en poussant un cri. Les assistants, le croyant blessé, se précipitèrent ; mais lui, chancelant, se rattrapant à terre sur les genoux et sur les mains, se releva d’un bond suprême, ramassa, renvoya à mademoiselle Aurélie le volant, qui n’avait pas encore touché le sol. Et la raquette haute, il triompha.

— Bravo ! bravo ! cria M. Péqueur des Saulaies en s’approchant.

— Bravo ! le coup est superbe ! répéta M. Rastoil, qui s’avança également.

La partie fut interrompue. Les deux sociétés avaient envahi l’impasse ; elles se mêlaient, entouraient l’abbé Surin, qui, hors d’haleine, s’appuyait au mur, à côté de l’abbé Faujas. Tout le monde parlait à la fois.

— J’ai cru qu’il avait la tête cassée en deux, disait le docteur Porquier à M. Maffre d’une voix pleine d’émotion.

— Vraiment, tous ces jeux finissent mal, murmura M. de Bourdeu en s’adressant à M. Delangre et aux Paloque, tout en acceptant une poignée de main de M. de Condamin, qu’il évitait dans les rues, pour ne pas avoir à le saluer.

Madame de Condamin allait du sous-préfet au président, les mettait en face l’un de l’autre, répétait :

— Mon Dieu ! je suis plus malade que lui, j’ai cru que nous allions tomber tous les deux. Vous avez vu, c’est une grosse pierre.