— Elle est là, tenez, dit M. Rastoil ; il a dû la rencontrer sous son talon.
— C’est cette pierre ronde, vous croyez ? demanda M. Péqueur des Saulaies en ramassant le caillou.
Jamais ils ne s’étaient parlé en dehors des cérémonies officielles. Tous deux se mirent à examiner la pierre ; ils se la passaient, se faisaient remarquer qu’elle était tranchante et qu’elle aurait pu couper le soulier de l’abbé. Madame de Condamin, entre eux, leur souriait, leur assurait qu’elle commençait à se remettre.
— Monsieur l’abbé se trouve mal ! s’écrièrent les demoiselles Rastoil.
L’abbé Surin, en effet, était devenu très-pâle, en entendant parler du danger qu’il avait couru. Il fléchissait, lorsque l’abbé Faujas, qui s’était tenu à l’écart, le prit entre ses bras puissants et le porta dans le jardin des Mouret, où il l’assit sur une chaise. Les deux sociétés envahirent la tonnelle. Là, le jeune abbé s’évanouit complètement.
— Rose, de l’eau, du vinaigre ! cria l’abbé Faujas en s’élançant vers le perron.
Mouret, qui était dans la salle à manger, parut à la fenêtre ; mais, en voyant tout ce monde au fond de son jardin, il recula comme pris de peur ; il se cacha, ne se montra plus. Cependant, Rose arrivait avec toute une pharmacie. Elle se hâtait, elle grognait :
— Si madame était là, au moins ; elle est au séminaire, pour le petit… Je suis toute seule, je ne peux pas faire l’impossible, n’est-ce pas ?… Allez, ce n’est pas monsieur qui bougerait. On pourrait mourir avec lui. Il est dans la salle à manger, à se cacher comme un sournois. Non, un verre d’eau, il ne vous le donnerait pas ; il vous laisserait crever.
Tout en mâchant ses paroles, elle était arrivée devant l’abbé Surin évanoui.