che parfois la secouait de la tête aux pieds, sans qu’elle parût en sentir le déchirement. Et lui, se faisait plus dur, repoussait cet amour qui s’offrait, lui défendait de venir à Saint-Saturnin.
— L’église est glacée, disait-il ; vous toussez trop. Je ne veux pas que vous aggraviez votre mal.
Elle assurait que ce n’était rien, une simple irritation de la gorge. Puis, elle pliait, elle acceptait cette défense d’aller à l’église, comme un châtiment mérité, qui lui fermait la porte du ciel. Elle sanglotait, se croyait damnée, traînait des journées vides ; et malgré elle, comme une femme qui retourne à la tendresse défendue, lorsque arrivait le vendredi, elle se glissait humblement dans la chapelle Saint-Michel, venait appuyer son front brûlant contre le bois du confessionnal. Elle ne parlait pas, elle restait là, écrasée ; tandis que l’abbé Faujas, irrité, la traitait brutalement en fille indigne. Il la renvoyait. Alors, elle s’en allait, soulagée, heureuse.
Le prêtre eut peur des ténèbres de la chapelle Saint-Michel. Il fit intervenir le docteur Porquier, qui décida Marthe à se confesser dans le petit oratoire de l’œuvre de la Vierge, au faubourg. L’abbé Faujas promit de l’y attendre toutes les quinzaines, le samedi. Cet oratoire, établi dans une grande pièce blanchie à la chaux, avec quatre immenses fenêtres, était d’une gaieté sur laquelle il comptait pour calmer l’imagination surexcitée de sa pénitente. Là, il la dominerait, il en ferait une esclave soumise, sans avoir à craindre un scandale possible. D’ailleurs, pour couper court à tous les mauvais bruits, il voulut que sa mère accompagnât Marthe. Pendant qu’il confessait cette dernière, madame Faujas restait à la porte. La vieille dame, n’aimant pas à perdre son temps, apportait un bas, qu’elle tricotait.
— Ma chère enfant, lui disait-elle souvent, lorsqu’elles revenaient ensemble à la rue Balande, j’ai encore entendu