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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/231

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

— Eh bien ! mère, demanda-t-il, que se passe-t-il donc ?

La vieille dame baissa la tête, recula comme un dogue qui se met derrière les jambes de son maître.

— C’est vous, chère madame Paloque, continua le prêtre. Vous désiriez me parler ?

La femme du juge, par un effort suprême de volonté, s’était faite souriante. Elle répondit d’un ton terriblement aimable, avec une raillerie aiguë :

— Comment ! vous étiez là, monsieur le curé ? Ah ! si je l’avais su, je n’aurais point insisté. Je voulais voir la nappe de notre autel, qui ne doit plus être en bon état. Vous savez, je suis la bonne ménagère, ici ; je veille aux petits détails. Mais du moment que vous êtes occupé, je ne veux pas vous déranger. Faites, faites vos affaires, la maison est à vous. Madame n’avait qu’un mot à dire, je l’aurais laissée veiller à votre tranquillité.

Madame Faujas laissa échapper un grondement. Un regard de son fils la calma.

— Entrez, je vous en prie, reprit-il ; vous ne me dérangez nullement. Je confessais madame Mouret, qui est un peu souffrante… Entrez donc. La nappe de l’autel pourrait être changée, en effet.

— Non, non, je reviendrai, répéta-t-elle ; je suis confuse de vous avoir interrompu. Continuez, continuez, monsieur le curé.

Elle entra cependant. Pendant qu’elle regardait avec Marthe la nappe de l’autel, le prêtre gronda sa mère, à voix basse :

— Pourquoi l’avez-vous arrêtée, mère ? Je ne vous ai pas dit de garder la porte.

Elle regardait fixement devant elle, de son air de bête têtue.

— Elle m’aurait passé sur le ventre avant d’entrer, murmura-t-elle.