III
Le lendemain, Mouret passa la matinée à épier son nouveau locataire. Cet espionnage allait emplir les heures vides qu’il passait au logis à tatillonner, à ranger les objets qui traînaient, à chercher des querelles à sa femme et à ses enfants. Désormais, il aurait une occupation, un amusement, qui le tirerait de sa vie de tous les jours. Il n’aimait pas les curés, comme il le disait, et le premier prêtre qui tombait dans son existence l’intéressait à un point extraordinaire. Ce prêtre apportait chez lui une odeur mystérieuse, un inconnu presque inquiétant. Bien qu’il fît l’esprit fort, qu’il se déclarât voltairien, il avait en face de l’abbé tout un étonnement, un frisson de bourgeois, où perçait une pointe de curiosité gaillarde.
Pas un bruit ne venait du second étage. Mouret écouta attentivement dans l’escalier, il se hasarda même à monter au grenier. Comme il ralentissait le pas en longeant le corridor, un frôlement de pantoufles qu’il crut entendre derrière la porte l’émotionna extrêmement. N’ayant rien pu surprendre de net, il descendit au jardin, se promena sous