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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/25

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

la tonnelle du fond, levant les yeux, cherchant à voir par les fenêtres ce qui se passait dans les pièces. Mais il n’aperçut pas même l’ombre de l’abbé. Madame Faujas, qui n’avait sans doute point de rideaux, avait tendu, en attendant, des draps de lit derrière les vitres.

Au déjeuner, Mouret parut très-vexé.

— Est-ce qu’ils sont morts, là-haut ? dit-il en coupant du pain aux enfants. Tu ne les as pas entendus remuer, toi, Marthe ?

— Non, mon ami ; je n’ai pas fait attention.

Rose cria de la cuisine :

— Il y a beau temps qu’ils ne sont plus là ; s’ils courent toujours, ils sont loin.

Mouret appela la cuisinière et la questionna minutieusement.

— Ils sont sortis, monsieur : la mère d’abord, le curé ensuite. Je ne les aurais pas vus, tant ils marchent doucement, si leurs ombres n’avaient passé sur le carreau de ma cuisine, quand ils ont ouvert la porte… J’ai regardé dans la rue, pour voir ; mais ils avaient filé, et raide, je vous en réponds.

— C’est bien surprenant… Mais où étais-je donc ?

— Je crois que monsieur était au fond du jardin, à voir les raisins de la tonnelle.

Cela acheva de mettre Mouret d’une exécrable humeur. Il déblatéra contre les prêtres : c’étaient tous des cachotiers ; ils étaient dans un tas de manigances, auxquelles le diable ne reconnaîtrait rien ; ils affectaient une pruderie ridicule, à ce point que personne n’avait jamais vu un prêtre se débarbouiller. Il finit par se repentir d’avoir loué à cet abbé qu’il ne connaissait pas.

— C’est ta faute, aussi ! dit-il à sa femme, en se levant de table.

Marthe allait protester, lui rappeler leur discussion de la