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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/276

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LES ROUGON-MACQUART.

éprouvait, chaque fois qu’on abordait ce sujet en sa présence.

— Allez, madame ne se plaindra pas ! s’écria Rose avec sa hardiesse ordinaire. Il y a longtemps que je serais allée vous avertir, si je n’avais pas eu peur d’être grondée par madame.

La vieille dame laissa tomber ses mains, d’un air d’immense et douloureuse surprise.

— C’est donc vrai, murmura-t-elle, il te bat ?… Oh ! le malheureux !

Elle se mit à pleurer.

— Être arrivée à mon âge pour voir des choses pareilles !… Un homme que nous avons comblé de bienfaits, à la mort de son père, lorsqu’il n’était que petit employé chez nous !… C’est Rougon qui a voulu votre mariage. Je lui disais bien que Mouret avait l’œil faux. D’ailleurs, jamais il ne s’est bien conduit à notre égard ; il n’est venu se retirer à Plassans que pour nous narguer avec les quatre sous qu’il avait amassés. Dieu merci ! nous n’avions pas besoin de lui, nous étions plus riches que lui, et c’est bien ce qui l’a fâché. Il a l’esprit petit ; il est tellement jaloux, qu’il s’est toujours refusé comme un malotru à mettre les pieds dans mon salon ; il y serait crevé d’envie… Mais je ne te laisserai pas avec un tel monstre, ma fille. Il y a des lois, heureusement.

— Calmez-vous ; on exagère beaucoup, je vous assure, murmura Marthe de plus en plus gênée.

— Vous allez voir qu’elle va le défendre ! dit la cuisinière.

À ce moment, l’abbé Faujas et Trouche, qui étaient en grande conférence au fond du jardin, s’avancèrent, attirés par le bruit.

— Monsieur le curé, je suis une bien malheureuse mère, reprit madame Rougon en se lamentant plus haut ; je n’ai plus qu’une fille auprès de moi, et j’apprends qu’elle n’a