Serge sur la relation des Missions en Chine, qu’il lisait dans ce moment. Pendant le dîner, il affecta de ne plus s’occuper des gens du second. Mais, Octave ayant raconté qu’il avait vu l’abbé Faujas sortir de l’évêché, Mouret ne put se tenir davantage. Au dessert, il reprit la conversation de la veille. Puis, il eut quelque honte. Il était d’esprit fin, sous son épaisseur de commerçant retiré ; il avait surtout un grand bon sens, une droiture de jugement qui lui faisait, le plus souvent, trouver le mot juste, au milieu des commérages de la province.
— Après tout, dit-il en allant se coucher, ce n’est pas bien de mettre son nez dans les affaires des autres… L’abbé peut faire ce qu’il lui plaît. C’est ennuyeux de toujours causer de ces gens ; moi, je m’en lave les mains maintenant.
Huit jours se passèrent. Mouret avait repris ses occupations habituelles ; il rôdait dans la maison, discutait avec les enfants, passait ses après-midi au-dehors à conclure pour le plaisir des affaires dont il ne parlait jamais, mangeait et dormait en homme pour qui l’existence est une pente douce, sans secousses ni surprises d’aucune sorte. Le logis semblait mort de nouveau. Marthe était à sa place accoutumée, sur la terrasse, devant la petite table à ouvrage. Désirée jouait, à son côté. Les deux garçons ramenaient aux mêmes heures la même turbulence. Et Rose, la cuisinière, se fâchait, grondait contre tout le monde ; tandis que le jardin et la salle à manger gardaient leur paix endormie.
— Ce n’est pas pour dire, répétait Mouret à sa femme, mais tu vois bien que tu te trompais en croyant que cela dérangerait notre existence, de louer le second. Nous sommes plus tranquilles qu’auparavant, la maison est plus petite et plus heureuse.
Et il levait parfois les yeux vers les fenêtres du second étage, que madame Faujas, dès le deuxième jour, avait garnies de gros rideaux de coton. Pas un pli de ces rideaux ne bou-