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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/305

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XIX


Les élections générales devaient avoir lieu en octobre. Vers le milieu de septembre, monseigneur Rousselot partit brusquement pour Paris, après avoir eu un long entretien avec l’abbé Faujas. On parla d’une maladie grave d’une de ses sœurs, qui habitait Versailles. Cinq jours plus tard, il était de retour ; il se faisait faire une lecture par l’abbé Surin, dans son cabinet. Renversé au fond d’un fauteuil, frileusement enveloppé dans une douillette de soie violette, bien que la saison fût encore très chaude, il écoutait avec un sourire la voix féminine du jeune abbé qui scandait amoureusement des strophes d’Anacréon.

— Bien, bien, murmurait-il, vous avez la musique de cette belle langue.

Puis, regardant la pendule, le visage inquiet, il reprit :

— Est-ce que l’abbé Faujas est déjà venu ce matin ?… Ah ! mon enfant, que de tracas ! J’ai encore dans les oreilles cet abominable tapage du chemin de fer… À Paris, il a plu tout le temps ! J’avais des courses aux quatre coins de la ville, je n’ai vu que de la boue.