chon brûlé ». Les demoiselles Rastoil, les fils Maffre, Séverin étaient justement en train de chercher le torchon, le mouchoir même de l’abbé, roulé en tampon, qu’il venait de cacher. Toute la jeunesse tournait autour du groupe des personnes graves, tandis que le prêtre, de sa voix de fausset, criait :
— Il brûle ! il brûle !
Ce fut Angéline qui trouva le torchon, dans la poche béante du docteur Porquier, où l’abbé Surin l’avait adroitement glissé. On rit beaucoup, on regarda le choix de cette cachette comme une plaisanterie très ingénieuse.
— Bourdeu a des chances maintenant, dit M. Rastoil en prenant l’abbé Faujas à part. C’est très-fâcheux. Je ne puis lui dire cela, mais nous ne voterons pas pour lui ; il est trop compromis comme orléaniste.
— Voyez donc votre fils Séverin, s’écria madame de Condamin, qui vint se jeter au travers de la conversation, Quel grand enfant ! Il avait mis le mouchoir sous le chapeau de l’abbé Bourrette.
Puis, elle baissa la voix.
— À propos, je vous félicite, monsieur Rastoil. J’ai reçu une lettre de Paris, où l’on m’assure avoir vu le nom de votre fils sur une liste du garde des sceaux ; il sera, je crois, nommé substitut à Faverolles.
Le président s’inclina, le sang au visage. Le ministère ne lui avait jamais pardonné l’élection du marquis de Lagrifoul. C’était depuis ce temps que, par une sorte de fatalité, il n’avait pu ni caser son fils, ni marier ses filles. Il ne se plaignait pas, mais il avait des pincements de lèvres qui en disaient long.
— Je vous faisais donc remarquer, reprit-il, pour cacher son émotion, que Bourdeu est dangereux ; d’autre part, il n’est pas de Plassans, il ne connaît pas nos besoins. Autant vaudrait-il réélire le marquis.
— Si monsieur de Bourdeu maintient sa candidature,