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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/320

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LES ROUGON-MACQUART.

se moquait de lui. M. Péqueur des Saulaies se contenta de sourire en caressant ses moustaches. Puis, la conversation redevint générale, et M. de Bourdeu crut remarquer que tout le monde le félicitait de son prochain triomphe avec une discrétion pleine de tact. Il goûta une heure de popularité exquise.

— C’est surprenant comme le raisin mûrit plus vite au soleil, fit remarquer l’abbé Bourrette, qui n’avait pas bougé de sa chaise, les yeux levés sur la tonnelle.

— Dans le nord, expliqua le docteur Porquier, la maturité ne s’obtient souvent qu’en dégageant les grappes des feuilles environnantes.

Une discussion sur ce point s’engageait, lorsque Séverin jeta à son tour le cri :

— Il brûle ! il brûle !

Mais il avait pendu le mouchoir si naïvement derrière la porte du jardin, que l’abbé Surin le trouva tout de suite. Lorsque ce dernier l’eut caché, la bande fouilla inutilement le jardin, pendant près d’une demi-heure ; elle dut donner sa langue aux chiens. Alors, l’abbé le montra au beau milieu d’une plate-bande, roulé si artistement qu’il ressemblait à une pierre blanche. Ce fut le plus joli coup de l’après-midi.

La nouvelle que le gouvernement renonçait à patronner un candidat courut la ville, où elle produisit une grande émotion. Cette abstention eut le résultat logique d’inquiéter les différents groupes politiques qui comptaient chacun sur la diversion d’une candidature officielle pour l’emporter. Le marquis de Lagrifoul, M. de Bourdeu, le chapelier Maurin, semblaient devoir se partager les voix en trois tiers à peu près égaux ; il y aurait certainement ballottage, et Dieu savait quel nom sortirait au second tour ! À la vérité, on parlait d’un quatrième candidat dont personne ne pouvait dire au juste le nom, un homme de bonne volonté qui consentirait peut-être à mettre tout le monde