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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/391

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

effaré, racontant que le feu venait de prendre chez la fille de madame. On croyait avoir vu le gendre de madame, celui qu’on avait dû enfermer, se promener dans le jardin avec un sarment allumé. Le pis était qu’on désespérait de sauver les locataires. Félicité se tourna vivement, réfléchit une minute encore, les yeux fixés sur Macquart. Elle comprenait enfin.

— Vous nous aviez bien promis, dit-elle à voix basse, de vous tenir tranquille, lorsque nous vous avons installé dans votre petite maison des Tulettes. Rien ne vous manque pourtant, vous êtes là comme un vrai rentier… C’est honteux, entendez-vous !… Combien l’abbé Fenil vous a-t-il donné pour ouvrir la porte à François ?

Il se fâcha, mais elle le fit taire. Elle semblait beaucoup plus inquiète des suites de l’affaire qu’indignée par le crime lui-même.

— Et quel abominable scandale, si l’on venait à savoir ! murmura-t-elle encore. Est-ce que nous vous avons jamais rien refusé ? Nous causerons demain, nous reparlerons de ce champ dont vous nous cassez les oreilles… Si Rougon apprenait une pareille chose, il en mourrait de chagrin.

L’oncle ne put s’empêcher de sourire. Il se défendit plus violemment, jura qu’il ne savait rien, qu’il n’avait trempé dans rien. Puis, comme le ciel s’embrasait de plus en plus, et que le docteur Porquier était déjà descendu, l’oncle quitta la chambre, en disant d’un air pressé de curieux :

— Je vais voir.

C’était M. Péqueur des Saulaies qui avait donné l’alarme. Il y avait eu soirée à la sous-préfecture. Il se couchait, lorsque, vers une heure moins quelques minutes, il aperçut un singulier reflet rouge sur le plafond de sa chambre. S’étant approché de la fenêtre, il était resté très surpris en voyant un grand feu brûler dans le jardin des Mouret, tandis qu’une ombre, qu’il ne reconnut pas d’abord, dansait