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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

goutte. Que diable peut-elle vouloir faire de l’abbé ? Elle ne l’inviterait pas pour ses beaux yeux, si elle n’avait point un intérêt caché. Ce curé-là n’est pas venu pour rien de Besançon à Plassans. Il y a quelque manigance là-dessous.

Marthe s’était remise à cet éternel raccommodage du linge de la famille qui lui prenait des journées entières. Il tourna un instant encore autour d’elle, murmurant :

— Ils m’amusent, le vieux Macquart et ta mère. Ah ! pour ça, ils se détestent ferme ! Tu as vu comme elle suffoquait, de le sentir ici. On dirait qu’elle a toujours peur de lui entendre raconter des choses qu’on ne doit pas savoir. Ce n’est pas l’embarras, il en raconterait de drôles… Mais ce n’est pas moi qu’on prendra chez lui. J’ai juré de ne pas me fourrer dans ce gâchis… Vois-tu, mon père avait raison de dire que la famille de ma mère, ces Rougon, ces Macquart, ne valaient pas la corde pour les pendre. J’ai de leur sang comme toi, ça ne peut pas te blesser que je dise cela. Je le dis, parce que c’est vrai. Ils ont fait fortune aujourd’hui, mais ça ne les a pas décrottés, au contraire.

Il finit par aller faire un tour sur le cours Sauvaire, où il rencontrait des amis, avec lesquels il causait du temps, des récoltes, des événements de la veille. Une grosse commission d’amandes, dont il se chargea le lendemain, le tint pendant plus d’une semaine en allées et venues continuelles, ce qui lui fit presque oublier l’abbé Faujas. D’ailleurs, l’abbé commençait à l’ennuyer ; il ne causait pas assez, il était trop cachottier. Il l’évita à deux reprises, croyant comprendre que l’autre le cherchait uniquement pour apprendre la fin des histoires sur la bande de la sous-préfecture et la bande des Rastoil. Rose lui ayant raconté que madame Faujas avait essayé de la faire causer, il s’était promis de ne plus ouvrir les lèvres. C’était un autre amusement qui occupait ses heures vides. Maintenant, quand il regardait les rideaux si bien fermés du second étage, il grommelait :