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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/61

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

lequel il ne pouvait sortir. Il monta voir s’il ne l’avait pas laissé au premier. Puis, lorsque, après une longue attente derrière la porte de sa chambre, il crut surprendre, au second étage, un remuement de chaises, il descendit lentement, s’arrêtant un instant dans le vestibule, pour donner à l’abbé Bourrette le temps de le rejoindre.

— Tiens ! vous voilà, monsieur l’abbé ? Quelle heureuse rencontre !… Vous retournez à Saint-Saturnin ? Cela tombe à merveille. Je vais de ce côté. Nous vous accompagnerons, si ça ne vous dérange pas.

L’abbé Bourrette répondit qu’il serait enchanté. Tous deux montèrent lentement la rue Balande, se dirigeant vers la place de la Sous-Préfecture. L’abbé était un gros homme, au bon visage naïf, avec de grands yeux bleus d’enfant. Sa large ceinture de soie, fortement tendue, lui dessinait un ventre d’une rondeur douce et luisante, et il marchait, la tête un peu en arrière, les bras trop courts, les jambes déjà lourdes.

— Eh bien ! dit Mouret sans chercher de transition, vous venez de voir cet excellent monsieur Faujas… J’ai à vous remercier, vous m’avez trouvé là un locataire comme il y en a peu.

— Oui, oui, murmura le prêtre ; c’est un digne homme.

— Oh ! pas le moindre bruit. Nous ne nous apercevons pas même qu’il y a un étranger chez nous. Et très-poli, très-bien élevé, avec cela… Vous ne savez pas, on m’a affirmé que c’était un esprit supérieur, un cadeau qu’on avait voulu faire au diocèse.

Et, comme ils se trouvaient au milieu de la place de la Sous-Préfecture, Mouret s’arrêta net, regardant fixement l’abbé Bourrette.

— Ah ! vraiment, se contenta de répondre celui-ci, d’un air étonné.

— On me l’a affirmé… Notre évêque aurait des vues sur