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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/9

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

La famille se leva. Alors Désirée, qui avait gardé sa gravité de pauvre innocente, eut comme un réveil de douleur, en voyant tout le monde se remuer. Elle se jeta au cou de son père, elle balbutia :

— Papa, j’ai un oiseau qui s’est envolé.

— Un oiseau, ma chérie ? Nous le rattraperons.

Et il la caressait, il se faisait très-câlin. Mais il fallut qu’il allât, lui aussi, voir la cage. Quand il ramena l’enfant, Marthe et ses deux fils se trouvaient déjà dans la salle à manger. Le soleil couchant, qui entrait par la fenêtre, rendait toutes gaies les assiettes de porcelaine, les timbales des enfants, la nappe blanche. La pièce était tiède, recueillie, avec l’enfoncement verdâtre du jardin.

Comme Marthe, calmée par cette paix, ôtait en souriant le couvercle de la soupière, un bruit se fit dans le corridor. Rose, effarée, accourut, en balbutiant :

— Monsieur l’abbé Faujas est là.