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LES ROUGON-MACQUART

sortir ensemble, elle prit le jeune homme à part et lui parla bas, d’un air embarrassé, avec un joli sourire qui demandait grâce. Il parut surpris et s’en alla, en riant de son air mauvais. Le soir, il apporta le bracelet de Sylvia, que sa belle-mère l’avait supplié de lui montrer.

— Voilà la chose, dit-il. On se ferait voleur pour vous, belle-maman.

— Elle ne t’a pas vu le prendre ? demanda Renée, qui examinait avidement le bijou.

— Je ne crois pas… Elle l’a mis hier, elle ne voudra certainement pas le mettre aujourd’hui.

Cependant la jeune femme s’était approchée de la fenêtre. Elle avait mis le bracelet. Elle tenait son poignet un peu levé, le tournant lentement, ravie, répétant :

— Oh ! très joli, très joli… Il n’y a que les émeraudes qui ne me plaisent pas beaucoup.

À ce moment, Saccard entra, et, comme elle avait toujours le poignet levé, dans la clarté blanche de la fenêtre :

— Tiens, s’écria-t-il avec étonnement, le bracelet de Sylvia !

— Vous connaissez ce bijou ? dit-elle plus gênée que lui, ne sachant plus que faire de son bras.

Il s’était remis ; il menaça son fils du doigt, en murmurant :

— Ce polisson a toujours du fruit défendu dans les poches !… Un de ces jours il nous apportera le bras de la dame avec le bracelet.

— Eh ! ce n’est pas moi, répondit Maxime avec une lâcheté sournoise. C’est Renée qui a voulu le voir.