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Page:Emile Zola - La Curée.djvu/189

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LA CURÉE

truffes. » Signé « Laure. » Dis donc, Maxime, est-ce que c’est la d’Aurigny qui a écrit cela ?… Puis voici les armes d’une de ces dames, je crois : une poule fumant une grosse pipe… Toujours des noms, le calendrier des saintes et des saints : Victor, Amélie, Alexandre, Édouard, Marguerite, Paquita, Louise, Renée… Tiens, il y en a une qui se nomme comme moi…

Maxime voyait dans la glace sa tête ardente. Elle se haussait davantage, et son domino, se tendant par derrière, dessinait la cambrure de sa taille, le développement de ses hanches. Le jeune homme suivait la ligne du satin qui plaquait comme une chemise. Il se leva à son tour et jeta son cigare. Il était mal à l’aise, inquiet. Quelque chose d’ordinaire et d’accoutumé lui manquait.

— Ah ! voici ton nom, Maxime, s’écria Renée… Écoute… « J’aime… »

Mais il s’était assis sur le coin du divan, presque aux pieds de la jeune femme. Il réussit à lui prendre les mains, d’un mouvement prompt ; il la détourna de la glace, en lui disant d’une voix singulière :

— Je t’en prie, ne lis pas cela.

Elle se débattit en riant nerveusement.

— Pourquoi donc ? Est-ce que je ne suis pas ta confidente ?

Mais lui, insistant, d’un ton plus étouffé :

— Non, non, pas ce soir.

Il la tenait toujours, et elle donnait de petites secousses avec ses poignets pour se dégager. Ils avaient des yeux qu’ils ne se connaissaient pas, un long sourire contraint et un peu honteux. Elle tomba sur les genoux, au bout du divan. Ils continuaient à lutter, bien qu’elle