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Page:Emile Zola - La Curée.djvu/289

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LA CURÉE

— Bonne nuit ! lui cria Maxime, lorsque la porte se referma.

Et, prenant le bras de son père, il remonta avec lui le boulevard. Il faisait une de ces claires nuits de gelée où il est si bon de marcher sur la terre dure, dans l’air glacé. Saccard disait que Larsonneau avait tort, qu’il fallait être simplement le camarade de la d’Aurigny. Il partit de là pour déclarer que l’amour de ces filles était vraiment mauvais. Il se montrait moral, il trouvait des sentences, des conseils étonnants de sagesse.

— Vois-tu, dit-il à son fils, ça n’a qu’un temps, mon petit… On y perd sa santé, et l’on n’y goûte pas le vrai bonheur. Tu sais que je ne suis pas un bourgeois. Eh bien, j’en ai assez, je me range.

Maxime ricanait ; il arrêta son père, le contempla au clair de lune, en déclarant qu’il avait « une bonne tête. » Mais Saccard se fit plus grave encore.

— Plaisante tant que tu voudras. Je te répète qu’il n’y a rien de tel que le mariage pour conserver un homme et le rendre heureux.

Alors il lui parla de Louise. Et il marcha plus doucement, pour terminer cette affaire, disait-il, puisqu’ils en causaient. La chose était complètement arrangée. Il lui apprit même qu’il avait fixé avec M. de Mareuil la date de la signature du contrat au dimanche qui suivrait le jeudi de la mi-carême. Ce jeudi-là, il devait y avoir une grande soirée à l’hôtel du parc Monceau, et il en profiterait pour annoncer publiquement le mariage. Maxime trouva tout cela très bien. Il était débarrassé de Renée, il ne voyait plus d’obstacle, il se livrait à son père comme il s’était livré à sa belle-mère.

— Eh bien, c’est entendu, dit-il. Seulement n’en parle