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LA CURÉE

des rapports avec son mari, qu’il ne pouvait vraiment songer à s’en fâcher. Mais aller avouer un amant quand ce n’était pas vrai. Et il revenait toujours à cela, à cette chose qu’il ne pouvait comprendre, et qui lui semblait réellement monstrueuse, parla des « imaginations folles » des femmes.

— Tu es un peu fêlée, ma chère, il faut soigner ça.

Il finit par demander curieusement :

— Mais pourquoi M. de Saffré plutôt qu’un autre ?

— Il me fait la cour, dit Renée.

Maxime retint une impertinence ; il allait dire qu’elle s’était sans doute crue plus vieille d’un mois, en avouant M. de Saffré pour amant. Il n’eut que le sourire mauvais de cette méchanceté, et, jetant son cigare dans le feu, il vint s’asseoir de l’autre côté de la cheminée. Là, il parla raison, il donna à entendre à Renée qu’ils devaient rester bons camarades. Les regards fixes de la jeune femme l’embarrassaient un peu, pourtant ; il n’osa pas lui annoncer son mariage. Elle le contemplait longuement, les yeux encore gonflés par les larmes. Elle le trouvait pauvre, étroit, méprisable, et elle l’aimait toujours, de cette tendresse qu’elle avait pour ses dentelles. Il était joli sous la lumière du candélabre, placé au bord de la cheminée, à côté de lui. Comme il renversait la tête, la lueur des bougies lui dorait les cheveux, lui glissait sur la face, dans le duvet léger des joues, avec des blondeurs charmantes.

— Il faut pourtant que je m’en aille, dit-il à plusieurs reprises.

Il était bien décidé à ne pas rester. Renée ne l’aurait pas voulu d’ailleurs. Tous deux le pensaient, le disaient ; ils n’étaient plus que deux amis. Et quand Maxime eut