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LES ROUGON-MACQUART

lui prouver combien il lui était dévoué. Il était bien malheureux, il aimait tant Renée !

— Eh bien, c’est convenu, dit enfin Maxime, je lui dirai un mot ; mais, vous savez, je ne promets rien ; elle va m’envoyer coucher, c’est sûr.

Ils rentrèrent dans le fumoir, ils s’allongèrent dans de larges fauteuils-dormeuses. Là, pendant une grande demi-heure, M. de Mussy conta ses chagrins à Maxime ; il lui dit pour la dixième fois comment il était tombé amoureux de sa belle-mère, comment elle avait bien voulu le distinguer ; et Maxime, en attendant que son cigare fût achevé, lui donnait des conseils, lui expliquait Renée, lui indiquait de quelle façon il devait se conduire pour la dominer.

Saccard étant venu s’asseoir à quelques pas des jeunes gens, M. de Mussy garda le silence et Maxime conclut en disant :

— Moi, si j’étais à votre place, j’agirais très cavalièrement. Elle aime ça.

Le fumoir occupait, à l’extrémité du grand salon, une des pièces rondes formées par les tourelles. Il était de style très riche et très sobre. Tendu d’une imitation de cuir de Cordoue, il avait des rideaux et des portières en algérienne, et, pour tapis, une moquette à dessins persans. Le meuble, recouvert de peaux de chagrin couleur bois, se composait de poufs, de fauteuils et d’un divan circulaire qui tenait en partie la rondeur de la pièce. Le petit lustre du plafond, les ornements du guéridon, la garniture de la cheminée, étaient en bronze florentin vert pâle.

Il n’était guère resté avec les dames que quelques jeunes gens et des vieillards à faces blanches et molles,