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Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/11

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LA JOIE DE VIVRE.

l’haleine coupée, devant la porte. La chatte, assise d’un air curieux, les regardait lutter contre le vent ; et madame Chanteau voulut savoir si Minouche s’était bien conduite pendant son absence. Ce nom de Minouche fit encore sourire Pauline, de sa bouche grave. Elle se baissa, elle caressa la chatte, qui vint aussitôt se frotter contre sa jupe, la queue en l’air. Mathieu s’était remis à aboyer violemment, pour sonner le retour au gîte, en voyant la famille monter le perron et se mettre enfin à l’abri, dans le vestibule.

— Ah ! on est bien ici, dit la mère. Je finissais par croire que nous n’arriverions jamais… Oui, Mathieu, tu es un bon chien, mais laisse-nous tranquilles. Oh ! je t’en prie, Lazare, fais-le taire : il m’entre dans les oreilles !

Le chien s’entêtait, la rentrée des Chanteau dans leur salle à manger s’opéra aux éclats de cette musique d’allégresse. Devant eux, ils poussaient Pauline, la nouvelle enfant de la maison ; et, derrière, venait Mathieu, toujours aboyant, suivi lui-même de la Minouche, dont le poil nerveux frémissait au milieu de ce tapage.

Déjà, dans la cuisine, Martin avait bu deux verres de vin coup sur coup, et il s’en allait, tapant le carreau de sa jambe de bois, criant le bonsoir à tout le monde. Véronique venait de rapprocher du feu son gigot, qui était froid. Elle parut, elle demanda :

— Est-ce qu’on mange ?

— Je crois bien, il est sept heures, dit Chanteau. Seulement, ma fille, il faudrait attendre que Madame et la petite se fussent changées.

— Mais je n’ai pas la malle pour Pauline, fit remarquer madame Chanteau. Heureusement que