Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/117

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étonnante supériorité d’intrigue. Cette bataille la rajeunissait. Elle était partie de nouveau pour Paris, en emportant les pouvoirs nécessaires. Vivement, les membres du conseil de famille furent acquis à ses idées ; jamais, du reste, ils ne s’étaient préoccupés de leur mission : ils y apportaient l’indifférence ordinaire. Ceux de la branche Quenu, les cousins Naudet, Liardin et Delorme, opinaient comme elle ; et elle n’eut, sur les trois de la branche Lisa, qu’à convaincre Octave Mouret, les deux autres, Claude Lantier et Rambaud, alors à Marseille, s’étant contentés de lui envoyer une approbation écrite. Elle avait raconté à tous une histoire attendrissante et embrouillée, l’affection du vieux médecin d’Arromanches pour Pauline, l’intention où il semblait être de laisser sa fortune à la jeune fille, si on lui permettait de s’occuper d’elle. Quant à Saccard, il céda également, après trois visites de madame Chanteau, qui lui apportait une idée superbe, l’accaparement des beurres du Cotentin, grâce à un système nouveau de transport. Et l’émancipation fut prononcée par le conseil de famille, on nomma curateur l’ancien chirurgien de marine Cazenove, sur lequel le juge de paix avait reçu les meilleurs renseignements.

Quinze jours après le retour de madame Chanteau à Bonneville, la reddition des comptes de tutelle eut lieu de la façon la plus simple. Le docteur avait déjeuné, on s’était un peu attardé autour de la table, à commenter les dernières nouvelles de Caen, où Lazare venait de passer quarante-huit heures, pour un procès dont l’avait menacé cette canaille de Boutigny.

— À propos, dit le jeune homme, Louise doit