Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/228

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suivit avec des culbutes folles, autour de la pièce.

— Sacrée capricieuse ! cria Chanteau, dérangé. Elle ne voulait pas jouer avec moi tout à l’heure, et la voilà maintenant qui nous empêche de réfléchir, en s’amusant toute seule !

— Laissez, dit le curé plein de mansuétude, les chats prennent du plaisir pour eux-mêmes.

Comme il traversait de nouveau la cuisine, le docteur Cazenove, emporté par une soudaine émotion, à la vue de Lazare toujours écrasé sur la même chaise, le saisit dans ses grands bras et le baisa paternellement, sans prononcer une parole. Justement, Véronique redescendait, en chassant Mathieu devant elle. Il roulait sans cesse dans l’escalier, avec son petit sifflement de nez, qui ressemblait à la plainte d’un oiseau ; et, dès qu’il trouvait la chambre de la malade ouverte, il venait y pleurer sur ce ton aigu de flageolet, dont la note persistante trouait les oreilles.

— Va donc, va donc ! criait la bonne, ce n’est pas ta musique qui la remettra.

Puis, quand elle aperçut Lazare :

— Emmenez-le quelque part, ça nous débarrassera et ça vous fera du bien.

C’était un ordre de Pauline. Elle chargeait Véronique de renvoyer Lazare de la maison, de le forcer à de longues courses. Mais il refusait, il lui fallait tout un effort pour se mettre debout. Cependant, le chien était venu se placer devant lui, et il recommençait à pleurer.

— Ce pauvre Mathieu n’est plus jeune, dit le docteur qui le regardait.

— Dame ! il a quatorze ans, répondit Véronique. Ça ne l’empêche pas d’être encore comme un fou