Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/313

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coupée à l’horizon d’une grande ligne simple.

— Ma chérie, dit Pauline de son air maternel, nous allons causer comme deux sœurs, veux-tu ?… Tu m’aimes un peu…

Louise l’interrompit, en la prenant à la taille.

— Oh ! oui.

— Eh bien, si tu m’aimes, tu as tort de ne pas tout me dire… Pourquoi gardes-tu tes secrets ?

— Je n’ai pas de secrets.

— Si, tu cherches mal… Voyons, ouvre-moi ton cœur.

Toutes deux, un instant, se regardèrent de si près, qu’elles sentaient la tiédeur de leurs haleines. Cependant, les yeux de l’une se troublaient peu à peu, sous le regard limpide de l’autre. Le silence devenait pénible.

— Dis-moi tout. Les choses dont on cause sont bien près d’être arrangées, et c’est en les dissimulant qu’on finit par en faire de vilaines choses… N’est-ce pas ? ce ne serait guère beau de nous fâcher, d’en arriver encore à ce que nous avons tant regretté.

Alors, violemment, Louise éclata en sanglots. Elle la serrait à la taille de ses mains convulsives, elle avait laissé tomber sa tête et la cachait contre l’épaule de son amie, en bégayant au milieu de ses larmes :

— Oh ! c’est mal de revenir sur cela. On ne devait jamais en reparler, jamais !… Renvoie-moi tout de suite plutôt que de me faire cette peine.

Vainement, Pauline tâchait de la calmer.

— Non, je comprends bien… Tu me soupçonnes encore. Pourquoi me parles-tu d’un secret ? Je n’ai pas de secret, je fais tout au monde pour que tu n’aies aucun reproche à m’adresser. Ce n’est pas ma