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Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/357

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chaque fois que la science avance d’un pas, c’est qu’un imbécile la pousse, sans le faire exprès.

Leur promenade fut gâtée, ils marchèrent en silence, les yeux au loin, regardant monter de la mer des vapeurs grises qui pâlissaient le ciel. Quand ils rentrèrent à la nuit, ils étaient frissonnants. La clarté gaie de la suspension sur la nappe blanche les réchauffa.

Un autre jour, du côté de Verchemont, comme ils suivaient un sentier, à travers des champs de betteraves, ils s’arrêtèrent, surpris de voir fumer un toit de chaume. C’était un incendie, le soleil tombant d’aplomb empêchait d’apercevoir les flammes ; et la maison brûlait seule, portes et fenêtres closes, pendant que les paysans devaient travailler aux environs. Aussitôt, ils quittèrent le sentier, ils coururent et crièrent ; mais ils firent seulement envoler des pies, qui jacassaient dans des pommiers. Enfin, d’une pièce lointaine de carottes, une femme coiffée d’un mouchoir sortit, regarda un instant, puis galopa dans les terres labourées, d’un galop furieux, à se casser les jambes. Elle gesticulait, elle hurlait un mot, qu’on ne pouvait distinguer, tellement il s’étranglait dans sa gorge. Elle tomba, se releva, tomba encore, repartit, les mains saignantes. Son mouchoir s’était envolé, ses cheveux nus se dénouaient au soleil.

— Mais que dit-elle ? répétait Pauline, prise d’effroi.

La femme arrivait, ils entendirent le cri rauque, pareil à un hurlement de bête.

— L’enfant !… l’enfant !… l’enfant !

Depuis le matin, le père et le fils travaillaient à près d’une lieue, dans une pièce d’avoine qu’ils