Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/386

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— Puis, en revenant, voilà que j’aperçois monsieur Lazare galopant comme un fou, dans une méchante voiture… Je lui crie qu’on l’attend, et il tape plus fort, et il manque de m’écraser !… Non, j’en ai assez, de ces commissions où je ne comprends rien ! Sans compter que ma lanterne s’est éteinte.

Et elle bouscula son maître, elle voulut le forcer à finir de manger, pour qu’elle pût au moins desservir la table. Il n’avait pas faim, il allait pourtant prendre un peu de veau froid, histoire plutôt de se distraire. Ce qui le tracassait maintenant, c’était le manque de parole de l’abbé. Pourquoi promettre de tenir compagnie aux gens, si l’on est décidé à rester chez soi ? Les prêtres, à la vérité, faisaient une si drôle de figure, quand les femmes accouchaient ! Cette idée l’amusa, il se disposa gaiement à souper tout seul.

— Voyons, monsieur, dépêchez-vous, répétait Véronique. Il est bientôt une heure, ma vaisselle ne peut pas traîner comme ça jusqu’à demain… En voilà une sacrée maison où l’on a toujours des secousses !

Elle commençait à enlever les assiettes, lorsque Pauline l’appela de l’escalier, d’une voix pressante. Et Chanteau se retrouva en face de la table, oublié encore, sans que personne descendît lui apporter des nouvelles.

Madame Bouland venait de prendre possession de la chambre avec autorité, fouillant les meubles, donnant des ordres. Elle fit d’abord allumer du feu, car la pièce lui paraissait humide. Ensuite, elle déclara le lit incommode, trop bas, trop mou ; et, comme Pauline lui disait avoir au grenier un vieux