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Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/42

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LES ROUGON-MACQUART.

nait l’orteil gonflé, dont la peau luisante était d’un rouge sombre, passait au genou que l’inflammation envahissait, constatait au bord de l’oreille droite la présence d’une petite perle, dure et blanche.

— Mais, docteur, geignait le malade, vous ne pouvez me laisser souffrir ainsi !

Cazenove était devenu sérieux. Cette perle de matière tophacée l’intéressait, et il retrouvait sa foi, devant ce symptôme nouveau.

— Mon Dieu ! murmura-t-il, je veux bien essayer des alcalins et des sels… Elle devient chronique, évidemment.

Puis, il s’emporta.

— Aussi, c’est votre faute, vous ne suivez pas le régime que je vous ai indiqué… Jamais d’exercice, toujours échoué dans votre fauteuil. Et du vin, je parie, de la viande, n’est-ce pas ? Avouez que vous avez mangé quelque chose d’échauffant.

— Oh ! un petit peu de foie gras, confessa faiblement Chanteau.

Le médecin leva les deux bras, pour prendre les éléments à témoins. Cependant, il tira des flacons de sa grande redingote, se mit à préparer une potion. Comme traitement local, il se contenta d’envelopper le pied et le genou dans de la ouate, qu’il maintint ensuite avec de la toile cirée. Et, quand il partit, ce fut à Pauline qu’il répéta ses recommandations : une cuillerée de la potion toutes les deux heures, autant d’eau de gruau que le malade en voudrait boire, et surtout une diète absolue.

— Si vous croyez qu’on pourra l’empêcher de manger ! dit madame Chanteau en reconduisant le docteur.

— Non, non, ma tante, il sera sage, tu verras, se