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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/147

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certitude, et qui allait augmenter sa sauvagerie d’amant timide. Jamais il n’avait donné à cette chose une importance. Il en fut désormais possédé, bouleversé, éperdu de misère, jusqu’à songer au suicide. Il avait beau se dire que cela était passager sans doute, qu’une cause morbide devait être au fond : le sentiment de son impuissance ne l’en déprimait pas moins ; et il était, devant les femmes, comme les garçons trop jeunes que le désir fait bégayer.

Vers la première semaine de décembre, Pascal fut pris de névralgies intolérables. Des craquements dans les os du crâne lui faisaient croire, à chaque instant, que sa tête allait se fendre. Avertie, la vieille madame Rougon se décida, un jour, à venir prendre des nouvelles de son fils. Mais elle fila dans la cuisine, voulant causer avec Martine d’abord. Celle-ci, l’air effaré et désolé, lui conta que monsieur devenait fou, sûrement ; et elle dit ses allures singulières, les piétinements continus dans sa chambre, tous les tiroirs fermés à clef, les rondes qu’il faisait du haut en bas de la maison, jusqu’à des deux heures du matin. Elle en avait les larmes aux yeux, elle finit par hasarder l’opinion qu’un diable était entré peut-être dans le corps de monsieur, et qu’on ferait bien d’avertir le curé de Saint-Saturnin.

— Un homme si bon, répétait-elle, et pour lequel on se laisserait couper en quatre ! Est-ce malheureux qu’on ne puisse le mener à l’église, ce qui le guérirait tout de suite, certainement !

Mais Clotilde, qui avait entendu la voix de sa grand-mère Félicité, entra. Elle aussi errait par les pièces vides, vivait le plus souvent dans le salon abandonné du rez-de-chaussée. Du reste, elle ne parla pas, écouta simplement, de son air de réflexion et d’attente.

— Ah ! c’est toi, mignonne. Bonjour !… Martine me raconte que Pascal a un diable qui lui est entré dans