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VII


Ce jour-là, en arrivant à la Souleiade, la vieille madame Rougon aperçut Martine dans le potager, en train de planter des poireaux ; et, profitant de la circonstance, elle se dirigea vers la servante, pour causer et tirer d’elle des renseignements, avant d’entrer dans la maison.

Le temps passait, elle était désolée de ce qu’elle appelait la désertion de Clotilde. Elle sentait bien que jamais plus elle n’aurait les dossiers par elle. Cette petite se perdait, se rapprochait de Pascal, depuis qu’elle l’avait soigné ; et elle se pervertissait, à ce point, qu’elle ne l’avait pas revue à l’église. Aussi en revenait-elle à son idée première, l’éloigner, puis conquérir son fils, quand il serait seul, affaibli par la solitude. Puisqu’elle n’avait pu la décider à suivre son frère, elle se passionnait pour le mariage, elle aurait voulu la jeter dès le lendemain au cou du docteur Ramond, mécontente des continuelles lenteurs. Et elle accourait, cette après-midi là, avec le besoin fiévreux de hâter les choses.

— Bonjour, Martine… Comment va-t-on ici ?

La servante, agenouillée, les mains pleines de terre, leva sa face pâle, qu’elle protégeait contre le soleil, à l’aide d’un mouchoir noué sur sa coiffe.

— Mais comme toujours, madame, doucement.

Et elles causèrent. Félicité la traitait en confidente, en fille dévouée, aujourd’hui de la famille, à laquelle on pou-