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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/176

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vers la porte. Mais, tout d’un coup, il retomba sur la chaise, écrasé par de nouveaux sanglots. Non, non ! c’était abominable, c’était impossible ! Il venait de sentir, sur son crâne, ses cheveux blancs comme une glace ; et il avait une horreur de son âge, de ses cinquante-neuf ans, à la pensée de ses vingt-cinq ans, à elle. Son frisson de terreur l’avait repris, la certitude qu’elle le possédait, qu’il allait être sans force contre la tentation journalière. Et il la voyait lui donnant à dénouer les brides de son chapeau, l’appelant, le forçant à se pencher derrière elle, pour quelque correction, dans son travail ; et il se voyait aveuglé, affolé, lui dévorant le cou, lui dévorant la nuque, à pleine bouche. Ou bien, c’était pis encore, le soir, quand ils tardaient tous deux à faire apporter la lampe, un alanguissement sous la tombée lente de la nuit complice, une chute involontaire, l’irréparable, aux bras l’un de l’autre. Toute une colère le soulevait contre ce dénouement possible, certain même, s’il ne trouvait pas le courage de la séparation. Ce serait de sa part le pire des crimes, un abus de confiance, une séduction basse. Sa révolte fut-elle, qu’il se leva courageusement, cette fois et qu’il eut la force de remonter dans la salle, bien résolu à lutter.

En haut, Clotilde s’était tranquillement remise à un dessin. Elle ne tourna pas même la tête, elle se contenta de dire :

— Comme tu as été longtemps ! Je finissais par croire que Martine avait une erreur de dix sous dans ses comptes.

Cette plaisanterie habituelle sur l’avarice de la servante le fit rire. Et il alla s’asseoir tranquillement, lui aussi, devant sa table. Ils ne parlèrent plus jusqu’au déjeuner. Une grande douceur le baignait, le calmait, depuis qu’il était près d’elle. Il osa la regarder, il fut attendri par son