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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/185

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des choses folles, des robes tissées avec des rayons, des voiles impalpables, faits avec le bleu du ciel… Comme je vais être belle ! comme je vais être belle !

Radieuse, dans sa reconnaissance exaltée, elle se serrait contre lui, en regardant toujours le corsage, en le forçant à s’émerveiller avec elle. Puis, une soudaine curiosité lui vint.

— Mais, dis ? à propos de quoi m’as-tu fait ce royal cadeau ?

Depuis qu’elle était accourue le chercher, d’un tel élan de gaieté sonore, Pascal marchait dans un rêve. Il se sentait touché aux larmes par cette gratitude si tendre, il restait là, sans la terreur qu’il y redoutait, apaisé au contraire, ravi, comme à l’approche d’un grand bonheur miraculeux. Cette chambre, où il n’entrait jamais, avait la douceur des lieux sacrés, qui contentent les soifs inassouvies de l’impossible.

Son visage, pourtant, exprima une surprise. Et il répondit :

— Ce cadeau, ma chérie, mais c’est pour ta robe de noces.

À son tour, elle demeura un instant étonnée, n’ayant pas l’air de comprendre. Puis, avec le sourire doux et singulier qu’elle avait depuis quelques jours, elle s’égaya de nouveau.

— Ah ! c’est vrai, mon mariage !

Elle redevint sérieuse, elle demanda :

— Alors, tu te débarrasses de moi, c’était pour ne plus m’avoir ici que tu tenais tant à me marier… Me crois-tu donc toujours ton ennemie ?

Il sentit la torture revenir, il ne la regarda plus, voulant être héroïque.

— Mon ennemie, sans doute, ne l’es-tu pas ? Nous avons tant souffert l’un par l’autre, ces mois derniers !