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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/191

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VIII


Alors, ce fut la possession heureuse, l’idylle heureuse. Clotilde était le renouveau qui arrivait à Pascal sur le tard, au déclin de l’âge. Elle lui apportait du soleil et des fleurs, plein sa robe d’amante ; et, cette jeunesse, elle la lui donnait après les trente années de son dur travail, lorsqu’il était las déjà, et pâlissant, d’être descendu dans l’épouvante des plaies humaines. Il renaissait sous ses grands yeux clairs, au souffle pur de son haleine. C’était encore la foi en la vie, en la santé, en la force, à l’éternel recommencement.

Ce premier matin, après la nuit des noces, Clotilde sortit la première de la chambre, seulement vers dix heures. Au milieu de la salle de travail, tout de suite elle aperçut Martine, plantée sur les jambes, d’un air effaré. La veille, le docteur, en suivant la jeune fille, avait laissé sa porte ouverte ; et la servante, entrée librement, venait de constater que le lit n’était pas même défait. Puis, elle avait eu la surprise d’entendre un bruit de voix sortir de l’autre chambre. Sa stupeur était telle, qu’elle en devenait plaisante.

Et Clotilde, égayée, dans un rayonnement de bonheur, dans un élan d’allégresse extraordinaire, qui emportait tout, se jeta vers elle, lui cria :

— Martine, je ne pars pas !… Maître et moi, nous nous sommes mariés.