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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/211

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Le jour où Martine aperçut le pastel, cloué au mur, elle le contempla un instant en silence, puis elle fit un signe de croix, sans qu’on pût savoir si elle avait vu Dieu ou le Diable passer. Quelques jours avant Pâques, elle avait demandé à Clotilde de l’accompagner à l’église, et celle-ci, ayant dit non, elle sortit un instant de la déférence muette où elle se tenait maintenant. De toutes les choses nouvelles qui l’étonnaient dans la maison, celle dont elle restait bouleversée était la brusque irréligion de sa jeune maîtresse. Aussi se permit-elle de reprendre son ancien ton de remontrance, de la gronder comme lorsqu’elle était petite et qu’elle ne voulait pas faire sa prière. N’avait-elle donc plus la crainte du Seigneur ? Ne tremblait-elle plus, à l’idée d’aller en enfer bouillir éternellement ?

Clotilde ne put réprimer un sourire.

— Oh ! l’enfer, tu sais qu’il ne m’a jamais beaucoup inquiétée… Mais tu te trompes en croyant que je n’ai plus de religion. Si j’ai cessé de fréquenter l’église, c’est que je fais mes dévotions autre part, voilà tout.

Martine, béante, la regarda, sans comprendre. C’était fini, Mademoiselle était bien perdue. Et jamais elle ne lui redemanda de l’accompagner à Saint-Saturnin. Seulement, sa dévotion, à elle, augmenta encore, finit par tourner à la manie. On ne la rencontrait plus, en dehors de ses heures de service, promenant l’éternel bas qu’elle tricotait, même en marchant. Dès qu’elle avait une minute libre, elle courait à l’église, elle y restait abîmée, dans des oraisons sans fin. Un jour que la vieille madame Rougon, toujours aux aguets, l’avait trouvée derrière un pilier, une heure après l’y avoir déjà vue, elle s’était mise à rougir, en s’excusant, ainsi qu’une servante surprise à ne rien faire.

— Je priais pour monsieur.