des amours bien portantes, et que traversait le petit frisson de la mort.
Dans le vieux quartier, une femme que Pascal soignait lui annonça que Valentin venait de mourir. Deux voisines avaient dû emmener Guiraude, qui se cramponnait au corps de son fils, hurlante, à demi folle. Il entra, en laissant Clotilde à la porte. Enfin, ils reprirent le chemin de la Souleiade, silencieux. Depuis qu’il avait recommencé ses visites, il ne paraissait les faire que par devoir professionnel, n’exaltant plus les miracles de sa médication. Cette mort de Valentin, d’ailleurs, il s’étonnait qu’elle eût tant tardé, il avait la conviction d’avoir prolongé d’un an la vie du malade. Malgré les résultats extraordinaires qu’il obtenait, il savait bien que la mort resterait l’inévitable, la souveraine. Pourtant, l’échec où il l’avait tenue pendant des mois aurait dû le flatter, panser le regret, toujours saignant en lui, d’avoir tué involontairement Lafouasse, quelques mois plus tôt. Et il semblait n’en rien être, un pli grave creusait son front, lorsqu’ils rentrèrent dans leur solitude. Mais, là, une nouvelle émotion l’attendait, il reconnut dehors, sous les platanes, où Martine l’avait fait asseoir, Sarteur, l’ouvrier chapelier, le pensionnaire des Tulettes, qu’il était allé piquer si longtemps ; et l’expérience passionnante paraissait avoir réussi, les piqûres de substance nerveuse donnaient de la volonté, puisque le fou était là, sorti le matin même de l’Asile, jurant qu’il n’avait plus de crise, qu’il était tout à fait guéri de cette brusque rage homicide, qui l’aurait fait se jeter sur un passant, pour l’étrangler. Le docteur le regardait, petit, très brun, le front fuyant, la face en bec d’oiseau, avec une joue sensiblement plus grosse que l’autre, d’une raison et d’une douceur parfaites, débordant d’une gratitude qui lui faisait baiser les mains de son sauveur. Il finissait par être ému, il le renvoya