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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/236

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toutes ces histoires. Charles parut enchanté, et il resta aux Tulettes.

Ce ne fut que très tard, par le train de sept heures, que Clotilde et Pascal purent rentrer à Plassans, après que ce dernier eut visité enfin les deux malades qu’il avait à voir. Mais, le surlendemain, comme ils revenaient ensemble au rendez-vous de M. Maurin, ils eurent la surprise désagréable de trouver la vieille madame Rougon installée chez lui. Elle avait naturellement appris la mort de Macquart, elle était accourue, frétillante, débordante d’une douleur expansive. La lecture du testament fut, du reste, très simple, sans incident : Macquart avait disposé de tout ce qu’il pouvait distraire de sa petite fortune, pour se faire élever un tombeau superbe, en marbre, avec deux anges monumentaux, les ailes repliées, et qui pleurait. C’était une idée à lui, le souvenir d’un tombeau pareil, qu’il avait vu à l’étranger, en Allemagne peut-être, quand il était soldat. Et il chargeait son neveu Pascal de veiller à l’exécution du monument, parce que lui seul, ajoutait-il, avait du goût, dans la famille.

Pendant cette lecture, Clotilde était demeurée dans le jardin du notaire, assise sur un banc, à l’ombre d’un antique marronnier. Lorsque Pascal et Félicité reparurent, il y eut un moment de grande gêne, car ils ne s’étaient pas reparlé depuis des mois. D’ailleurs, la vieille dame affectait une aisance parfaite, sans allusion aucune à la situation nouvelle, donnant à entendre qu’on pouvait bien se rencontrer et paraître unis devant le monde, sans s’expliquer ni se réconcilier pour cela. Mais elle eut le tort de trop insister sur le gros chagrin que lui avait causé la mort de Macquart. Pascal, qui se doutait de son sursaut de joie, de son infinie jouissance, à la pensée que cette plaie de la famille, cette abomination de l’oncle allait se cicatriser enfin, céda à une impatience, à une révolte qui le