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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/245

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Il y en avait une ici, qui n’a rien empêché ; et l’oncle aurait eu beau se faire garder, il serait tout de même en cendre, à cette heure.

Pascal s’inclina, de son air de déférence habituelle.

— Vous avez raison, ma mère.

Clotilde était tombée à genoux. Ses croyances de catholique fervente venaient de se réveiller, dans cette chambre de sang, de folie et de mort. Ses yeux ruisselaient de larmes, ses mains s’étaient jointes, et elle priait ardemment, en faveur des êtres chers qui n’étaient plus. Mon Dieu ! que leurs souffrances fussent bien finies, qu’on leur pardonnât leurs fautes, qu’on ne les ressuscitât que pour une autre vie d’éternelle félicité ! Et elle intercédait de toute sa ferveur, dans l’épouvante d’un enfer, qui, après la vie misérable, aurait éternisé la souffrance.

À partir de ce triste jour, Pascal et Clotilde s’en allèrent plus attendris, serrés l’un contre l’autre, visiter leurs malades. Peut-être, chez lui, la pensée de son impuissance devant la maladie nécessaire avait-elle grandi encore. L’unique sagesse était de laisser la nature évoluer, éliminer les éléments dangereux, ne travailler qu’à son labeur final de santé et de force. Mais les parents qu’on perd, les parents qui souffrent et qui meurent, laissent au cœur une rancune contre le mal, un irrésistible besoin de le combattre et de le vaincre. Et jamais le docteur n’avait goûté une joie si grande, lorsqu’il réussissait, d’une piqûre, à calmer une crise, à voir le malade hurlant s’apaiser et s’endormir. Elle, au retour, l’adorait, très fière, comme si leur amour était le soulagement qu’ils portaient en viatique au pauvre monde.