nier, on avait dû la remeubler sous le premier empire, car il y avait là, pour tenture, une ancienne indienne imprimée, représentant des bustes de sphinx, dans des enroulements de couronnes de chêne. Autrefois d’un rouge vif, cette indienne était devenue rose, d’un vague rose qui tournait à l’orange. Les rideaux des deux fenêtres et du lit existaient ; mais il avait fallu les faire nettoyer, ce qui les avait pâlis encore. Et c’était vraiment exquis, cette pourpre effacée, ce ton d’aurore, si délicatement doux. Quant au lit, tendu de la même étoffe, il tombait d’une vétusté telle, qu’on l’avait remplacé par un autre lit, pris dans une pièce voisine, un autre lit empire, bas et très large, en acajou massif, garni de cuivres, dont les quatre colonnes d’angle portaient aussi des bustes de sphinx, pareils à ceux de la tenture. D’ailleurs, le reste du mobilier était appareillé, une armoire à portes pleines et à colonnes, une commode à marbre blanc cerclé d’une galerie, une haute psyché monumentale, une chaise longue aux pieds raidis, des sièges aux dossiers droits, en forme de lyre. Mais un couvrepied, fait d’une ancienne jupe de soie Louis XV, égayait le lit majestueux, tenant le milieu du panneau, en face des fenêtres ; tout un amas de coussins rendait moelleuse la dure chaise longue ; et il y avait deux étagères et une table garnies également de vieilles soies brochées de fleurs, découvertes au fond d’un placard.
Clotilde enfin mit ses bas, enfila un peignoir de piqué blanc ; et, ramassant du bout des pieds ses mules de toile grise, elle courut dans son cabinet de toilette, une pièce de derrière, qui donnait sur l’autre façade. Elle l’avait fait simplement tendre de coutil écru, à rayures bleues ; et il ne s’y trouvait que des meubles de sapin verni, la toilette, deux armoires, des chaises. On l’y sentait pourtant d’une coquetterie naturelle et fine, très femme. Cela