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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/344

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de novembre, roulant déjà hors de Paris, elle se calma, fut peu à peu envahie de réflexions, finit par se sentir troublée de sourdes inquiétudes. Pourquoi donc cette dépêche, immédiate et si brève : « Je t’attends, pars ce soir » ? Sans doute, c’était la réponse à la lettre où elle lui annonçait sa grossesse. Seulement, elle savait combien il désirait qu’elle restât à Paris, où il la rêvait heureuse, et elle s’étonnait maintenant de sa hâte à la rappeler. Elle n’attendait pas une dépêche, mais une lettre, puis des arrangements pris, le retour à quelques semaines de là. Était-ce donc qu’il y avait autre chose, une indisposition peut-être, un désir, un besoin de la revoir sur l’heure ? Et, dès lors, cette crainte s’enfonça en elle avec la force d’un pressentiment, grandit, la posséda bientôt tout entière.

Toute la nuit, une pluie diluvienne avait fouetté les vitres du train, par les plaines de la Bourgogne. Ce déluge ne cessa qu’à Mâcon. Après Lyon, le jour parut. Clotilde avait sur elle les lettres de Pascal ; et elle attendait l’aube avec impatience, pour revoir et étudier ces lettres, dont l’écriture lui avait paru changée. En effet, elle eut un petit froid au cœur, en constatant l’hésitation, les sortes de lézardes qui s’étaient produites dans les mots. Il était malade, très malade : cela, maintenant, tournait à la certitude, s’imposait à elle par une véritable divination, où il entrait moins de raisonnement que de subtile prescience. Et le reste du voyage fut horriblement long, car elle sentait croître son angoisse à mesure qu’elle approchait. Le pis était que, débarquant à Marseille dès midi et demi, elle ne pouvait prendre un train pour Plassans qu’à trois heures vingt. Trois grandes heures d’attente. Elle déjeuna au buffet de la gare, mangea fiévreusement, comme si elle avait eu peur de manquer ce train ; puis, elle se traîna dans le jardin poussiéreux, alla d’un banc à un autre, sous le soleil pâle, tiède encore, au