Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/50

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— Vous aurez votre note demain matin, je vous le promets, reprit-elle en riant.

Mais Ramond les accompagna quelques minutes, jusqu’au bout de la rue de la Banne, à l’entrée du vieux quartier, où ils allaient. Et il y avait, dans la façon dont il se penchait, en souriant à Clotilde, tout un amour discret, lentement grandi, attendant avec patience l’heure fixée pour le plus raisonnable des dénouements. D’ailleurs, il écoutait avec déférence le docteur Pascal, dont il admirait beaucoup les travaux.

— Tenez ! justement, cher ami, je vais chez Guiraude, vous savez cette femme dont le mari, un tanneur, est mort phtisique, il y a cinq ans. Deux enfants lui sont restés : Sophie, une fille de seize ans bientôt, que j’ai pu heureusement, quatre ans avant la mort du père, faire envoyer à la campagne, près d’ici, chez une de ses tantes ; et un fils, Valentin, qui vient d’avoir vingt et un ans, et que la mère a voulu garder près d’elle, par un entêtement de tendresse, malgré les affreux résultats dont je l’avais menacée. Eh bien ! voyez si j’ai raison de prétendre que la phtisie n’est pas héréditaire, mais que les parents phtisiques lèguent seulement un terrain dégénéré, dans lequel la maladie se développe, à la moindre contagion. Aujourd’hui, Valentin, qui a vécu dans le contact quotidien du père, est phtisique, tandis que Sophie, poussée en plein soleil, a une santé superbe.

Il triomphait, il ajouta en riant :

— Ça n’empêche pas que je vais peut-être sauver Valentin, car il renaît à vue d’œil, il engraisse, depuis que je le pique… Ah ! Ramond, vous y viendrez, vous y viendrez, à mes piqûres !

Le jeune médecin leur serra la main à tous deux.

— Mais je ne dis pas non. Vous savez bien que je suis toujours avec vous.