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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/110

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vive, comme épuré par ces grands souffles ; et, déjà, un drap avait filé, des serviettes étaient allées se plaquer contre les branches d’un saule. Elle rattrapa les serviettes. Mais, derrière elle, des mouchoirs partaient. Et personne ! elle perdait la tête. Lorsqu’elle voulut étendre le drap, elle dut se battre. Il l’étourdissait, l’enveloppait d’un claquement de drapeau. Dans le vent, elle entendit alors une voix qui disait :

— Mademoiselle, désirez-vous que je vous aide ?

C’était lui, et tout de suite elle cria, sans autre préoccupation que son souci de ménagère :

— Mais bien sûr, aidez-moi donc !… Prenez le bout, là-bas ! tenez ferme !

Le drap, qu’ils étiraient de leurs bras solides, battait comme une voile. Puis, ils le posèrent sur l’herbe, ils remirent aux quatre coins des pierres plus grosses. Et, maintenant qu’il s’affaissait, dompté, ni lui ni elle ne se relevaient, agenouillés aux deux bouts, séparés par ce grand linge, d’une blancheur éblouissante.

Elle finit par sourire, mais sans malice, d’un sourire de remerciement. Il s’enhardit.

— Moi, je me nomme Félicien.

— Et moi, Angélique.

— Je suis peintre verrier, on m’a chargé de réparer ce vitrail.