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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/115

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— Oh ! de grâce… je vous en prie…

Le vent redoublait, lui coupait le souffle. Désespéré, il la regardait courir, comme si ce grand vent l’eût emportée. Elle courait, elle courait parmi la blancheur des draps et des nappes, dans l’or pâle du soleil oblique. L’ombre de la cathédrale semblait la prendre, et elle était sur le point de rentrer chez elle, par la petite porte du jardin, sans un regard en arrière. Mais, au seuil, vivement, elle se retourna, saisie d’une bonté subite, ne voulant pas qu’il la crût trop fâchée. Et, confuse, souriante, elle cria :

— Merci ! merci !

Était-ce de l’avoir aidée à rattraper son linge qu’elle le remerciait ? Était-ce d’autre chose ? Elle avait disparu, la porte se refermait.

Et lui demeura seul, au milieu du champ, sous les grandes rafales régulières, qui soufflaient, vivifiantes, dans le ciel pur. Les ormes de l’Évêché s’agitaient avec un long bruit de houle, une voix haute clamait au travers des terrasses et des arcs-boutants de la cathédrale. Mais il n’entendait plus que le claquement léger d’un petit bonnet, noué à une branche de lilas ainsi qu’un bouquet blanc, et qui était à elle.

À partir de cette journée, chaque fois qu’Angélique ouvrit sa fenêtre, elle aperçut Félicien, en bas, dans le Clos-Marie. Il avait le prétexte du vitrail, il y vivait sans que le travail avançât le