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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/150

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— Angélique… Angélique… ma chérie…

Elle avait reconnu la voix d’Hubertine. Sans doute, celle-ci, en se couchant avec son mari, venait d’entendre le bruit lointain des sanglots ; et, inquiète, à demi déshabillée, elle montait voir.

— Angélique, es-tu malade ?

Retenant son haleine, la jeune fille ne répondit pas. Elle n’éprouvait qu’un désir immense de solitude, l’unique soulagement à son mal. Une consolation, une caresse, même de sa mère, l’aurait meurtrie. Elle se l’imaginait derrière la porte, elle devinait qu’elle avait les pieds nus, à la douceur du frôlement sur le carreau. Deux minutes se passèrent, et elle la sentait toujours là, penchée, l’oreille collée au bois, ramenant de ses beaux bras ses vêtements défaits.

Hubertine, ne percevant plus rien, pas un souffle, n’osa appeler de nouveau. Elle était bien certaine d’avoir entendu des plaintes ; mais, si l’enfant avait fini par s’endormir, à quoi bon l’éveiller ? Elle attendit encore une minute, troublée de ce chagrin que lui cachait sa fille, devinant confusément, emplie elle-même d’une grande émotion tendre. Et elle se décida à redescendre comme elle était montée, les mains familières aux moindres détours, sans laisser d’autre bruit derrière elle, dans la maison noire, que le frôlement doux de ses pieds nus.

Alors, ce fut Angélique qui, assise sur son séant,