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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/157

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folles, ne bougea pas, étourdi de cette félicité brusque. Et Angélique, maintenant, était certaine que les saintes ne lui défendaient pas d’aimer, car elle les entendait l’accueillir avec elle, d’un rire d’affection, léger comme une haleine de la nuit ; Où avait-elle eu la sottise de prendre qu’Agnès se fâcherait ? À son côté, Agnès était radieuse d’une joie qu’elle sentait descendre sur ses épaules et l’envelopper, pareille à la caresse de deux grandes ailes. Toutes, qui étaient mortes d’amour, se montraient compatissantes aux peines des vierges, et ne revenaient errer, par les nuits chaudes, que pour veiller, invisibles, sur leurs tendresses en larmes.

— Venez près de moi, je vous attendais.

Alors, chancelant, Félicien entra. Il s’était dit qu’il la voulait, qu’il la saisirait entre ses bras, à l’étouffer, malgré ses cris. Et voilà qu’en la trouvant si douce, voilà qu’en pénétrant dans cette chambre toute blanche et si pure, il redevenait plus candide et plus faible qu’un enfant.

Il avait fait trois pas. Mais il frissonnait, il tomba sur les deux genoux, loin d’elle.

— Si vous saviez quelle abominable torture ! Je n’avais jamais souffert ainsi, l’unique douleur est de ne se croire pas aimé… Je veux bien tout perdre, être un misérable, mourant de faim, tordu par la maladie. Mais je ne veux plus passer une journée, avec ce mal dévorant dans le cœur, de me dire que