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IX


Le soir même, en rentrant de l’église, Angélique pensait : « Je le verrai tout à l’heure : il sera dans le Clos-Marie, et je descendrai le retrouver. » Leurs yeux s’étaient donné ce rendez-vous.

On ne dîna qu’à huit heures, dans la cuisine, selon l’habitude. Hubert parlait seul, excité par cette journée de fête. Sérieuse, Hubertine répondait à peine, ne quittant pas du regard la jeune fille, qui mangeait d’un gros appétit, mais inconsciente, sans paraître savoir qu’elle portait la fourchette à sa bouche, toute à son rêve. Et Hubertine lisait clairement en elle, voyait se former et se suivre une à une les pensées, sous ce front candide, comme sous le cristal d’une eau pure.

À neuf heures, un coup de sonnette les étonna. C’était l’abbé Cornille. Malgré sa fatigue, il venait leur dire que Monseigneur avait beaucoup admiré les trois anciens panneaux de broderie.

— Oui, il en a parlé devant moi. Je savais que vous seriez heureux de l’apprendre.