Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/199

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appartement complet. Une lampe éclairait la vaste pièce du rez-de-chaussée.

— Vous voyez bien, reprit-il, avec un sourire, que vous êtes chez un artisan. Voici mon atelier.

Un atelier en effet, le caprice d’un garçon riche qui se plaisait au côté métier, dans la peinture sur verre. Il avait retrouvé les anciens procédés du treizième siècle, il pouvait se croire un de ces verriers primitifs, produisant des chefs-d’œuvre, avec les pauvres moyens du temps. L’ancienne table lui suffisait, enduite de craie fondue, sur laquelle il dessinait en rouge, et où il découpait les verres au fer chaud, dédaigneux du diamant. Justement, le moufle, un petit four reconstruit d’après un dessin, était chargé ; une cuisson s’y achevait, la réparation d’un autre vitrail de la cathédrale ; et il y avait encore là, dans des caisses, des verres de toutes les couleurs, qu’il devait faire fabriquer pour lui, les bleus, les jaunes, les verts, les rouges, pâles, jaspés, fumeux, sombres, nacrés, intenses. Mais la pièce était tendue d’admirables étoffes, l’atelier disparaissait sous un luxe merveilleux d’ameublement. Au fond, sur un antique tabernacle qui lui servait de piédestal, une grande Vierge dorée souriait, de ses lèvres de pourpre.

— Et vous travaillez, vous travaillez ! répétait Angélique avec une joie d’enfant.

Elle s’amusa beaucoup du four, elle exigea qu’il lui expliquât tout son travail : comment il se con-