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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/198

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mêmes choses, à l’infini, comment ils s’étaient aimés, comment ils s’aimaient. Les mots revenaient pareils, toujours nouveaux, prenant des sens imprévus, insondables. Leur bonheur grandissait à y descendre, à en goûter la musique sur leurs lèvres. Il lui confessa le charme où elle le tenait avec sa voix seule, si touché, qu’il n’était plus que son esclave, rien qu’à l’entendre. Elle avoua la crainte délicieuse où il la jetait, lorsque sa peau si blanche s’empourprait d’un flot de sang, à la moindre colère. Et ils avaient quitté maintenant les bords vaporeux de la Chevrotte, ils s’enfonçaient sous la futaie obscure des grands ormes, les bras à la taille.

— Oh ! ce jardin, murmura Angélique, jouissant de la fraîcheur qui tombait des feuillages.

— Il y a des années que j’ai le désir d’y entrer… Et m’y voilà avec vous, m’y voilà !

Elle ne lui demandait pas où il la conduisait, elle s’abandonnait à son bras, dans les ténèbres des troncs centenaires. La terre était douce aux pieds, les voûtes de feuilles se perdaient, très hautes, comme des voûtes d’église. Pas un bruit, pas un souffle, rien que le battement de leurs cœurs.

Enfin, il poussa la porte d’un pavillon, il lui dit :

— Entrez, vous êtes chez moi.

C’était là que son père croyait convenable de le loger, à l’écart, dans ce coin reculé du parc. Il y avait, en bas, un grand salon ; en haut, tout un