Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/221

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ingénue et brave, une grande pureté fière dans la bravoure.

Elle savait que, chaque samedi, vers cinq heures du soir, l’évêque allait s’agenouiller dans la chapelle Hautecœur, où il aimait à prier seul, tout au passé de sa race et de lui-même, cherchant une solitude respectée de son clergé entier ; et, justement, on était au samedi. Elle eut vite pris une décision. À l’Évêché, peut-être ne l’aurait-on pas reçue ; d’autre part, il y avait toujours là du monde, elle se serait troublée ; tandis qu’il était si commode d’attendre dans la chapelle et de se nommer à Monseigneur, dès qu’il paraîtrait. Ce jour-là, elle broda avec son application et sa sérénité accoutumées, elle n’avait aucune fièvre, résolue en son vouloir, certaine de bien agir. Puis, à quatre heures, elle parla de monter voir la mère Gabet, elle sortit, vêtue comme pour ses courses de quartier, simplement coiffée d’un chapeau de jardin, noué au petit bonheur des doigts. Elle avait tourné à gauche, elle poussa le battant rembourré de la porte Sainte-Agnès, qui retomba sourdement derrière elle.

L’église était vide, seul un confessionnal de la chapelle Saint Joseph se trouvait occupé encore par une pénitente, dont on ne voyait déborder que la jupe noire ; et Angélique, très calme jusque-là, se mit à trembler, en entrant dans cette solitude sacrée et froide, où le petit bruit de ses pas lui