Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/225

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grille noire. Puis, comme il s’inclinait vers l’autel, il la trouva devant lui, à ses pieds.

Les jambes fléchissantes, anéantie de respect et d’effroi, Angélique était tombée sur les deux genoux. Il lui apparaissait comme Dieu le Père, terrible, maître absolu de sa destinée. Mais elle avait le cœur courageux, elle parla tout de suite.

— Ô Monseigneur, je suis venue…

Lui, s’était redressé. Il se souvenait d’elle : la jeune fille remarquée à sa fenêtre, le jour de la procession, retrouvée dans l’église, debout sur une chaise, cette petite brodeuse dont son fils était fou. Il n’eut pas une parole, pas un geste. Il attendait, haut, rigide.

– Ô Monseigneur, je suis venue, pour que vous puissiez me voir… Vous m’avez refusée, seulement vous ne me connaissiez pas. Et me voilà, regardez-moi, avant de me repousser encore… Je suis celle qui aime et qui est aimée, et rien autre, rien en dehors de cet amour, rien qu’une enfant pauvre, recueillie à la porte de cette église… Vous me voyez à vos pieds, combien je suis petite, faible et humble. Cela vous sera facile de m’écarter, si je vous gêne. Vous n’avez qu’à lever un doigt, pour me détruire… Mais, que de larmes ! Il faut savoir ce qu’on souffre. Alors, on est pitoyable… J’ai voulu, à mon tour, défendre ma cause, Monseigneur. Je suis une ignorante, je sais uniquement