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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/233

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Angélique pourquoi il consentait au tourment de ne pas la voir : il ne pensait qu’à elle, tous ses actes n’avaient d’autre fin que de la conquérir.

Hubertine, quand son mari lui rapporta cet entretien, devint grave. Puis, après un silence :

— Répéteras-tu à l’enfant ce qu’il t’a chargé de lui dire ?

— Je le devrais.

Elle le regarda fixement, déclara ensuite :

— Agis selon ta conscience… Seulement, il s’illusionne, il finira par plier sous la volonté de son père, et ce sera notre pauvre chère fillette qui en mourra.

Alors, Hubert, combattu, plein d’angoisse, hésita, se résigna à ne répéter rien. D’ailleurs, chaque jour, il se rassurait un peu, lorsque sa femme lui faisait remarquer l’attitude tranquille d’Angélique.

— Tu vois bien que la blessure se ferme… Elle oublie.

Elle n’oubliait pas, elle attendait, elle aussi, simplement. Toute espérance humaine était morte, elle en revenait à l’idée d’un prodige. Il s’en produirait sûrement un, si Dieu la voulait heureuse. Elle n’avait qu’à s’abandonner entre ses mains, elle se croyait punie, par cette nouvelle épreuve, de ce qu’elle avait essayé de forcer sa volonté, en importunant Monseigneur. Sans la grâce, la créature était débile, incapable de victoire. Son besoin de la grâce la rendait à l’humilité, à la seule espérance